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La révolte des cobayes | ©
L'iNTERDiT
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Le
dimanche 7 mai 2000 dans la campagne autour de Namur (Belgique), un peu
plus de 200 personnes se sont rassemblées pour une journée
de résistance aux OGM.
Sous
la bannière "les cobayes se révoltent", on s'est retrouvés
entre militants des villes et des campagnes pour discuter, manger bio,
danser dans les champs et entreprendre la décontamination active
des OGM sur le territoire belge.
Au
total, la journée aura été haute en couleurs et en
musique, avec une ambiance qui devait rappeler aux plus anciens la joyeuse
militance pacifiste et écologiste des années soixante-dix. Dès
le matin, installés sur une grande bâche dans la pelouse au
milieu des premiers crickets, ou sous une de ces tentes vertes qui ont
abrité tous les rassemblements associatifs depuis des décennies,
le ton était donné par un meeting (faisons ressurgir le vocabulaire
militant des générations précédentes !) où
ont causé : un représentant des verts au parlement européen,
deux membres de la Confédération paysanne, une professeur
de philosophie et un représentant de Via Campesina (syndicat paysan
mondial qui comprend parmi les plus médiatisés de ses membres
le MST brésilien et les zapatistes du Chiapas). Quelques débats
ont animé le temps de parole mais nous étions entre convaincus,
et donc dans une ambiance plutôt consensuelle. En
fait, dans l'assemblée qui s'agitait, beaucoup de personnes attendaient
l'Evénement, nulle part écrit, mais chuchoté depuis
plusieurs semaines : le cortège champêtre de l'après-midi
nous mènerait vers un des sites "expérimentaux" de culture
de plantes transgéniques afin de "décontaminer" la zone,
entendez "saccager un maximum de ces plantes nuisibles". Vers
le milieu de l'après-midi et sous un soleil annociateur de l'été,
nous avons formé un cortège d'une quarantaine de voitures
(pas très écolo tout cela, hum hum) derrière le camion-sono
de la seeds party (terme désignant un nouveau concept de manifs
dansantes dans les champs). Nous avons ainsi traversé toute la ville
de Namur, escortés par des policiers à moto... sous le regard
ébahi des passants et des habitants qui ne comprenaient pas du tout
ce que faisaient ce groupe compact de jeunes s'agitant dans un camion,
au son d'une musique tonitruante et suivis d'une longue file de voitures
aux passagers à têtes de hippies, Et
bien sûr, au milieu du cortège, le traditionnel gendarme en
civil, l'oreille collée à son portable et qui devait se sentir
bien seul au sein de cette agitation! Au terme d'un parcours sinueux, nous
sommes arrivés à proximité de la zone de nos proches
exactions, dont l'emplacement avait été tenu secret jusqu'à
la dernière minute (histoire de brouiller les pistes). Nous
avons déployé nos armes (non-violentes s'entend) sur la place
d'un paisible village dont les habitants exprimaient un sentiment d'ébahissement
incrédule proche de celui qu'avaient du éprouver les indigènes
de Woodstock en leur temps. A
la suite du camion musical, notre cortège dansant, bruyant et insolite
s'est mis en branle. Habillés de combinaisons et masques blancs,
dotés d'un bras ou d'une jambe surnuméraire ou trainant un
crâne de vache coiffé d'un entonnoir, nous avons parcouru
un peu plus d'un kilomètre dans la campagne inhabitée, offrant
aux rares spectateurs que nous avons croisé un tableau tout à
fait surréaliste. Et
puis est apparue la ferme expérimentale de la firme MONSANTO, avec
ses champs entourés de grillages. Dans
un joyeux désordre, nous avons passé les barrières
pour pénétrer le domaine interdit et accomplir notre devoir
de destruction symbolique : les épis de céréales et
plants de colza volaient dans les airs ou se faisaient piétiner
par la foule. Elément
étrange dans ce déroulement : les forces de l'ordre ne nous
attendaient pas devant le champs, seul était présent le pauvre
flic en civil que j'ai évoqué plus haut (si vous avez bien
suivi, vous devriez vous souvenir du moment où il est entré
en action !). Finalement,
quatre de ses collègues gendarmes sont venus le rejoindre mais face
à une masse de 100 à 150 personnes, ils ne semblaient pas
trop à leur aise! Nous
sommes enfin retournés vers notre lieu de départ sans être
inquiétés et toujours aussi gaiement. Après
quelques bières de circonstances dans le minuscule café du
village pris d'assaut, nous nous sommes dispersés au terme de cette
journée d'action qui a ajouté sa brique au large et grandissant
mouvement de contestation anticapitaliste. Ya
basta! Ce monde injuste et suicidaire commence à trembler! Malvira
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